Huit heures du matin, heure de pointe dans le métro parisien. Les notes de Yann Tiersen emplissent le wagon endormi, se faufilent dans les moindres recoins de la rame éteinte. La mélodie a le goût du vieux Paris, ses ruelles pavées, ses bouquinistes en bords de Seine. On s’y croirait presque : Amélie, la butte Montmartre, ses artistes, ses secrets enfouis. C’est un chant empreint d’une grande nostalgie du Paris d’antan, de gaieté aussi. Il y a quelque chose de joliment poétique dans cette grisaille sublimée. Les touches de l’accordéon valsent avec grâce sous les doigts experts. Pourtant, derrière ce jeu habile, les mains sont engourdies, ternies par le contact régulier du tabac, marquées par des années de vie d’errance. La rue n’est pas tendre avec ces femmes et ces hommes de l’ombre. Le regard est ailleurs, loin, très loin des dorures de la capitale.